Rencontre avec Mathisse Dalstein, designer & lauréat des Trophées Emmaüs du réemploi

17
décembre
Il y a deux ans, le jeune designer Mathisse Dalstein lançait l’atelier Emmaüs UP à Norges-la-Ville, près de Dijon. Une initiative récompensée le 14 novembre 2019 par le jury des Trophées Emmaüs du réemploi, qui lui a remis un prix pour sa table basse. Retour sur son parcours et sur sa collaboration avec les compagnons d’Emmaüs.
Mathisse Dalstein et les compagnons Emmaüs

En tant que designer, cherchez-vous à donner un sens particulier aujourd’hui à votre métier ?

Mathisse Dalstein : J’ai toujours cherché à créer des pièces uniques qui aient du sens. Au début de ma carrière, je travaillais à Tahiti en tant que designer indépendant. J’ai dû me familiariser avec une culture nouvelle et des matériaux locaux, souvent de récupération. A mon retour en métropole, j’ai eu envie de continuer à travailler avec ce type de matériaux et de les valoriser en jouant avec leur matière, leur couleur, leur histoire… J’aime créer des pièces surprenantes qui font oublier la notion d’éléments de récupération.

Pourquoi avoir choisi d’entamer une collaboration avec Emmaüs et avoir fait naître le projet Emmaüs UP ?

M. D. : J’ai commencé à travailler sur les matériaux de récupération pendant mon projet de fin d’études. J’ai contacté la communauté Emmaüs, qui m’a ouvert ses portes et m’a permis de récupérer des matériaux directement sur le site. En voyant l’intérêt des compagnons sur place pour mon projet, j’ai très vite eu envie d’intégrer une phase de création avec eux. J’ai donc lancé le projet Emmaüs UP il y a deux ans, à mon retour de Tahiti. Et aujourd’hui, l’aventure continue !

 

Pouvez-vous nous raconter l’histoire de cette table basse ?

M. D. : Lorsque je suis intervenu pour la première fois ici, je devais animer 12 séances sur 3 mois. Les compagnons ont tellement apprécié, qu’ils ont convaincu l’administration de poursuivre l’atelier Emmaüs UP. Nous avons alors conçu cette table basse, qui est la déclinaison d’une pièce que nous avions créée au tout départ. Le compagnon qui l’a créée a donné son regard sur les essences de bois, les matières et a fait le choix de conserver ou non les signes distinctifs des éléments de récupération. C’est grâce à ce travail que nous avons abouti à ce résultat.

Comment s’est organisé le processus de création avec les compagnons ?

M. D. : Comme le travail du bois peut être long, j’essaye d’éviter les frustrations en apprenant aux compagnons de nouvelles choses à chaque séance : sélection des matériaux de récupération, détection des essences, utilisation des machines… Le travail se fait ensemble sur les phases communes puis ils avancent en autonomie pour faire évoluer le projet en fonction de leurs envies artistiques.

Que retirez-vous de cette expérience ?

M. D. : Une grande fierté du succès de ce projet. Au-delà même du concours, c’est valorisant de voir au quotidien le plaisir qu’apporte cet atelier. Les compagnons s’épanouissent et développent de nouvelles compétences. Et nous avons des retours très positifs de la part de nos clients sur les ventes de nos objets. Gagner ce concours est donc une consécration et un encouragement à poursuivre ce que l’on fait.

Mathisse Dalstein lors de la remise de son trophée